HOLLYWOOD DEVIL’S TOWER, 2011

Vue de L’Exposition de Noel, Le Magasin, CNAC, 2012

Hollywood Devil’s Tower, 2011

Volume: 4 x 2,5 x 3m
Installation en bois, polystyrène extrudé et polystyrène expansé, peinture acrylique,terre, végétaux, grillage, briques, gravats et détritus
Production Centre d’Art Bastille

The Devils Tower fait partie désormais de ces motifs contemporains que les artistes peuvent se réapproprier. Les protagonistes de Rencontre du troisième type (Close Encounters of the third kind, 1977, Steven Spielberg) en ont fait de même. Obsédés par sa forme ils ont décliné la montagne en dessins et en volume, avec de la mousse à raser, de la purée et de la glaise. Ils la reproduisaient obsessionnellement comme Paul Cézanne repeignait la Sainte-Victoire.

Roman Scrittori a choisi de revenir sur sa fascination pour le réalisateur François Truffaut qu’il cite régulièrement dans son travail ainsi que Steven Spielberg, auteur qui a marqué son enfance. Hollywood Devil’s Tower commémore ainsi le seul film qui voit les deux cinéastes collaborer. Il s’agit plus ici de réinterpréter un élément de décors cinématographique que l’authentique montagne du Nord-Est du Wyoming, aux États-Unis. L’artiste fait référence à la séquence dans Rencontre du troisième type où le héros (Richard Dreyfuss) construit, en terre la mystérieuse montagne dans son salon. A cette différence près: qu’il rajoute  au sommet de la réplique miniature de la fameuse inscription Hollywood, qu’il considère, elles aussi, comme un motif contemporain. Le collage de ces deux éléments, proche du kitsch, atteste de la facticité et de l’appartenance de ce décors à l’univers cinématographique hollywoodien.

A l’instar de la montagne construite en terre dans le film, Hollywood devil’s tower est un grand modèle réduit. Il semble être l’édifice excessive d’un homme, à son échelle, érigé spontanément avec les moyens du bord en une journée et non le fruit d’un travail architectural. Cette montagne apparaît donc, avoir émergé impulsivement et cristallisé les problématiques de l’artiste. Comme tout volume, Hollywood devil’s tower invite le spectateur à évoluer dans l’espace, à changer de point de vue. Mais ce qui est significatif c’est la possibilité d’accéder à l’envers du décors, au backstage, à une deuxième lecture de l’œuvre en quelle que sorte. La structure en tasseaux de bois laissée ainsi visible, abrupte, vulnérable pourrait être un désaveu ou une volonté de montrer la réalité, les coulisses, tel le meaking off le ferait pour un film.